Subject: EMEUTES A DJANET / La révolte des jeunes (EL WATAN)



EMEUTES A DJANET / La révolte des jeunes

Les émeutes qui se sont déclenchées samedi dernier dans la ville de Djanet (wilaya d'Illizi) se poursuivent toujours. Hier, un dispositif de sécurité des plus impressionnants a été déployé dans la région.

Cette mesure n'a malheureusement fait qu'aggraver la situation puisque très tôt le matin, des dizaines de jeunes ont envahi la rue. Ils ont commencé à lancer des pierres contre des policiers postés dans différents points. Ils ont également brûlé des pneus et arraché des pylônes électriques avec lesquels ils ont barricadé les ruelles.
Les policiers, de leur côté, ont riposté par des bombes lacrymogènes. «Regardez, nous dit un jeune manifestant, ils jettent des bombes lacrymogènes à l'intérieur des maisons. Nous demanderons leur départ car nous n'avons pas besoin d'eux. Ce que nous exigeons, c'est le départ du président de l'APC.» Que ce passe-t-il à Djanet, cette ville de 12 000 habitants, très réputée pour ses sites touristiques ? Samedi dernier, des jeunes se sont déplacés au siège de l'APC pour remettre une plate-forme de revendications au président de l'APC qui leur aurait donné rendez-vous. «Nous avons attendu toute la matinée devant cette institution, mais nous n'avons été reçus par aucun responsable. Nous avons alors mis le feu et saccagé tout le siège.» «Nous avons épargné trois services : l'état-civil, les moujahidine et la comptabilité qui sont utiles à la population alors que les autres ne servent que les intérêts des premiers responsables» déclarent les manifestants. Toutefois, le fait qui a envenimé la situation, c'est l'arrestation de plus d'une vingtaine de jeunes dans la nuit de samedi à dimanche. Selon un groupe de manifestants, les services de sécurité se sont rendus dans la nuit au domicile de certains émeutiers et les on arrêtés. «Nous avons tous participé à ces manifestations. Pourquoi ils interpellent seulement quelques-uns et de quelle manière ? Nous occuperons la rue jusqu'à la libération des détenus.»Ces derniers ont été présentés hier devant le tribunal de Djanet avant d'être transférés à la prison d'Illizi, Chef-lieu de wilaya. Les manifestants ne lâchent pas prise et exigent le départ immédiat du président d'APC qui est, selon eux, la source de leurs problèmes.«Nous avons été trop lésés, nous n'avons bénéficié ni de logement ni de travail. Les autorités, et à leur tête le président de l'APC, affichent un mépris total à notre égard. Nous en avons ras le bol... Nous voulons un changement radical.» De son côté, le président de l'APC nie toutes les accusations portées contre lui et souligne qu'aucune personne n'est allée le voir pour discuter de leurs problèmes. «Les gens qui sont derrière ce mouvement de protestation en veulent à ma personne et non au président de l'APC», affirme le président de l'APC de tendance RND. Au moment où nous mettions sous presse, les émeutes continuaient, notamment au centre-ville.

Par Nabila Amir